
Le temps passe à nouveau bien trop vite au pays des matins pas si calmes, et comme l’année dernière je commence déjà à courir après le temps. Mais plutôt que de m’occuper de mon travail universitaire qui m’attend sagement à côté il fallait absolument que je vous parle de Chuseok. Chu-quoi me demandez vous ? Chuseok (à prononcer tchou-sôk), c’est la fête des récoltes, que certains comparent au Thanksgiving américain, mais pour mes lecteurs francophones, je comparerais plus cela à nos fêtes de fin d’années concentrées sur 3 jours.
En effet, pendant ces trois jours, il est important d’aller retrouver sa famille pour quelques petits rituels, et surtout pour manger et boire tous ensemble, de plus chacun amène des cadeaux pour ces proches. Enfin pendant ces trois jours il y a des bouchons partout, ainsi que beaucoup d’accidents. On peut donc naïvement penser que cela ressemble vraiment à notre Noël en France (bien qu’ils fêtent noël en Corée aussi).
Seulement voilà, on est pas en Europe, mais en Asie et donc forcement il y a beaucoup de détails qui frappent. J’avais déjà été surpris l’année dernière, sans avoir eu le temps d’écrire tout cela. Mais cette année, après avoir fêté dignement Chuseok, je lutte vaillamment contre mon mal de tête pour vous raconter tout cela.
La notion de cadeau

Chuseok commence bien avant le 15ème jour du 9ème mois du calendrier lunaire, tout comme on commence déjà à trouver plein de cadeaux pour Noël dès le mois d’octobre, on peut acheter les cadeaux de Chuseok plusieurs semaines avant la date fatidique. Seulement pour l’occidental peu habitué à la Corée, il est difficile de croire que ce sont vraiment des cadeaux que l’on trouve dans les magasins.En effet, on a plus l’impression d’être en période de solde, avec des lots vendus au rabais partout.
Alors avant de vous expliquer plus en détails, je me dois de vous dire que je trouve les Coréens très pragmatiques, cela me fascine bien souvent. Ils veulent toujours que leurs actions soient efficaces, et ils chassent l’inutile, même si cela ne marche pas à tous les coups.
Il faut donc imaginer que ce qui guide le Coréen dans l’achat d’un cadeau ce n’est pas l’envie de faire plaisir, ni la recherche de l’objet ultime qui ravira son proche. Non, non, non, il n’y a qu’une chose qui compte : l’utilité. Je pense que cela rendrait malade plus d’un Coréen de savoir que la plupart des cadeaux que nous recevons en France finissent bien souvent à prendre la poussière sur une étagére, ou bien revendu sur eBay.
La puissance du marketing étant de pouvoir s’adapter au marché local, on trouve donc comme principaux cadeaux des coffrets avec 10 tubes de dentifrices, ou bien un assortiment d’huiles de cuisines. Mais la star incontestable des cadeaux de Chuseok, c’est le colis de 20 boites de spams, une viande recomposé en boite. Alors il est évident qui si votre belle-sœur en France vous offre un tel cadeau, vous n’allez pas sauter de joie. Mais mettez vous dans la peau des Coréens : de toutes façons il va bien falloir acheter du dentifrice, or si on vous en offre 10 tubes, vous n’avez plus besoin d’en acheter. Vous allez donc faire des économies, et ça c’est important.
La notion de jour férié
La veille, et le lendemain du jour de Chuseok sont aussi des jours fériés, soit trois jours en tout. Ce sont presque les seuls vacances d’un Coréen pendant toute l’année. On pourrait donc s’attendre à un chaos complet dans tout le pays, une paralysie totale… Un peu comme en France pendant un jour férié : impossible de trouver un magasin ouvert, absence (ou presque) d’un système de transport en commun… Mais en Corée il faut croire qu’ils doivent avoir le concept de jour férié travaillé.
En plein Chuseok, j’ai encore pu tranquillement aller faire des courses à Homeplus, la grande surface du coin qui était pleine de famille qui semblaient préférer aller faire du shopping en famille plutôt que de trainer les longs repas de famille. Bien sur dans la gallerie commerciale : le coiffeur, les magasins de vêtements, la bijouterie … tout cela était ouvert.
Le plus effrayant venant sans doutes des petits restaurant/bar tenus en famille … Je pense que les Coréens vivent dans leur restaurant. Le soir de Chuseok, estimant qu’il n’y a pas de raison pour rester à la maison loin des festivités, je retrouve quelques amis pour aller boire un verre dans un « Hof & Soju » ces sortes de bars typiquement Coréens. En rentrant dans l’établissement qui était vide (c’était Chuseok quand même), on retrouve le propriétaire avec sa petite famille visiblement en pleine retrouvailles. Pensant que nous allions gêner, on allait faire demi-tour quand le propriétaire nous fait signe que son bar est bien ouvert et qu’il va nous servir tout de suite… Même pendant un repas de famille, les Coréens travaillent.
La notion de famille
Pour Chuseok, il faut donc être en famille, ce qui, dans un pays comme la Corée, pose beaucoup de problème. En effet après l’exode rural massif du siècle dernier vers les grandes villes, on assiste à une migration annuelle depuis les grandes villes vers la campagne. C’est comme cela que Seoul, qui concentre presque la moitié de la population du pays se vide pendant les trois jours. Bien sur, aucun réseau routier ne peut supporter un tel traffic, et il y a donc des bouchons monstres. Ce qui fait que pendant Chuseok, les informations prennent aussi des vacances, et on ne parle plus que du traffic.
Mais une fois que vous avez survécu au trajet, les trois jours ressemblent plus à un marathon éprouvant … En effet il faut aller visiter les grands-parents paternelle tout d’abord, puis maternelle ensuite. De plus il faut faire la cuisine, puis encore la cuisine … et toujours la cuisine. Essentiellement des gateaux de riz pour les rituels d’offrandes. (Oui car en plus vous ne mangerez même pas toute la nourriture que vous allez cuisiner). Ensuite il faut habiller les enfants en habits traditionnels, les emmener faire des photos … Bref il parait qu’on voit apparaître un syndrome Chuseok suite à cette période éprouvante. Il est vrai que la famille n’a rien de reposant en Corée.
Juste pour finir, une petite pensée pour ceux qui était à Seoul pour Chuseok cette année et qui ont eu le droit aux « inondations du siècle », à savoir 40 cm d’eau en 4h dans les rues de Seoul, il parait que c’était la panique … Très impressionnant.
Publié par valeuf, le 22 septembre 2010
Cet article est issu du blog « Valeuf en Corée ».
Pour en lire d’avantage, rendez-vous sur : http://korea.valeuf.org/
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